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La FELCO (Federacion deis Ensenhaires de Lenga e Cultura d’Oc) , une des 6 associations qui a appelé à la manifestation de Béziers le 17 mars 2007 dresse le bilan de cette journée historique pour la langue d’oc. Pour l’information de tous nous publions son communiqué.

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20 000 MANIFESTANTS POUR L’OCCITAN LE 17 MARS A BEZIERS :
LE BILAN DE LA FELCO.

La manifestation pour la langue occitane organisée à Béziers le 17 mars a rencontré un succès indéniable : alors que 10 000 personnes s’étaient déplacées en octobre 2005 à Carcassonne sur le même mot d’ordre, c’est une foule équivalant en gros au double qu’a réuni la manifestation de Béziers. Une revue de presse est en ligne sur notre site : http://creo-mp.chez-alice.fr/manifbesiers/indexbesi.htm

La FELCO se félicite bien sûr de ce succès, auquel l’implication de ses militants au sein du collectif d’organisation a largement contribué. Quelques jours après la manifestation, le moment est venu d’en dresser le bilan.

La simple juxtaposition des chiffres de Carcassonne et de Béziers permet de tirer une première leçon : le succès de Carcassonne n’était pas un accident, mais le premier indice d’un phénomène d’importance.

Dans une situation globale riche, si l’on peut dire, en problèmes et préoccupations sociales, économiques… considérables, la défense et l’illustration de l’occitan éveillent dans la société des pays d’oc un écho considérable.

Alors même que l’actualité est toute bruissante des prochaines échéances électorales, et de débats dans lesquels les problèmes culturels tiennent somme toute fort peu de place, c’est bel et bien à la confirmation d’une dynamique de fond que l’on a assisté à Béziers : le simple fait que se soient rassemblés là des hommes et des femmes de tout âge, de tout statut social, de toutes opinions politiques, venus parfois de très loin -le record absolu étant dans cet ordre d’idées détenu par les Occitans de Guardia Piemontese, en Calabre- signifie que se pose bel et bien la question de l’occitan. Aucun observateur, si peu averti soit-il, ne peut négliger ce fait.

Les représentants des grands partis en tout cas ne l’ont pas négligé : la plupart des candidats aux élections présidentielles étaient soit présents, soit représentés. On nota aussi la présence d’élus régionaux.

Ce qui signale que les institutions régionales des pays d’oc, la majeure partie d’entre elles en tout cas, ont saisi l’importance du problème. Certaines ont déjà commencé à mettre en place une politique spécifique de soutien à l’occitan. Nul doute que le succès de la manifestation de Béziers les confirmera dans l’idée que c’est la voie qu’il faut suivre. La présence d’élus de tout rang, députés, conseillers généraux, maires… confirme l’attention que portent à la question linguistique ces élus qui sont au contact et à l’écoute des aspirations des populations qu’ils représentent. Nul doute qu’ils auront à cœur de reprendre, et de relayer, dans les mois qui viennent, et quel que soit le résultat des élections, les grandes revendications qui étaient au coeur de la manifestation : une meilleure prise en compte de l’occitan dans l’enseignement, les médias, la vie culturelle en général, la vie sociale. En tout état de cause, les associations partie prenante du rassemblement du 17 mars ne manqueront pas de leur demander leur soutien actif.

Le succès de la manifestation de Béziers est dû aussi à la conjonction des efforts des six associations qui ont participé, chacune en fonction de ses propres ressources, à la préparation, depuis des mois, de cette rencontre.

Que le Félibrige se soit joint à ce collectif revêt une importance particulière, compte tenu du passé, qui avait vu depuis les débuts du XXe siècle s’affronter mouvement occitaniste d’une part, et Félibrige mistralien de l’autre. Les uns et les autres ont su mettre de côté les souvenirs de ces désaccords, renvoyant à la marginalité et à la confidentialité, malgré leurs efforts, ceux qui, ici ou là, prétendaient prolonger le conflit au nom de la vision confusionniste d’une sorte de conglomérat des « langues d’oc », au pluriel, vision campaniliste qui interdisait de fait toute avancée commune entre les diverses régions constituant l’espace occitan. Et de fait, c’est bel et bien une image plurielle et en même temps unitaire, qu’ont donné de cet espace les délégations qui ont pris part au défilé, derrière leurs propres banderoles, certes, mais unies dans un même cortège.

C’est donc l’action conjointe, dans le cadre d’un même collectif, de six associations qui a permis le succès de la manifestation.
On devine dès lors l’enjeu : cette action commune doit se poursuivre, à travers la mise en place d’une coordination minimale qui, respectant l’autonomie de chaque composante, permettra cependant à l’ensemble des défenseurs de la langue d’oc de parler d’une seule voix face aux institutions d’Etat, à partir des revendications communes figurant dans la plate-forme de la manifestation.

La responsabilité des organisations signataires de la crida de Besièrs, relayant celle de Carcassonne, est maintenant de travailler ensemble à la mis en place de cette coordination. La FELCO participera de toutes ses forces à cette entreprise, vitale pour l’avenir de notre langue.

Car les problèmes ne manqueront pas, et le succès de la manifestation ne les efface pas.

Dans les mois qui viennent, il faudra interpeller les pouvoirs régionaux, afin qu’ils poursuivent dans la voie qu’ils ont empruntée, développent l’indispensable coordination interrégionale rendue indispensable par la taille même de l’espace occitan, et aident le mouvement associatif à obtenir enfin de l’Etat l’ouverture de négociations devant déboucher, sous une forme ou une autre, sur un véritable statut de l’occitan, comme aussi des langues de France en général.

En effet, à Béziers comme à Carcassonne, les Occitans n’étaient pas seuls :

Des délégations venues de Bretagne, de Catalogne nord et sud, du Pays basque, de Corse, étaient présentes. Des représentants créoles aussi, et l’on pouvait noter encore la présence de drapeaux berbères. Tout combat pour l’occitan qui négligerait de s’inscrire dans le cadre plus global d’une revendication de toutes les langues de France risquerait de manquer son but.

Par delà la diversité des situations entre les diverses langues présentes sur le sol français, en métropole et ailleurs, elles partagent une caractéristique toute simple : elles ont toutes le même interlocuteur, l’Etat. Dans le prolongement de la mise en synergie des composantes de la mouvance occitaniste, c’est à l’échelle de toutes les langues de France qu’il faut maintenant travailler à une meilleure coordination des efforts et des démarches revendicatives.

Quel qu’ait pu être le succès de la manifestation de Béziers, il est clair qu’il ne saurait constituer qu’une étape, et que beaucoup reste à faire.

Il faut ici noter un fait inquiétant, déjà observé à propos de la manifestation de Carcassonne : le silence ou la discrétion observés, globalement, par certains grands médias nationaux, audiovisuels et presse écrite, sur l’évènement, ainsi relégué au rang d’épisode à caractère purement régional. Pour certains, tout se passe comme si l’opinion nationale devait être tenue à l’écart de ce qui se passe, alors même qu’on la convie, et à juste titre, à se sensibiliser à la défense de la francophonie.

C’est le moment de répéter ce que l’occitanisme répète depuis maintenant des années : aucune lutte pour la diversité culturelle menée par la France ne pourra vraiment être prise au sérieux hors de nos frontières si elle n’intègre pas la prise en compte, à côté du français, des autres langues parlées dans l’espace francophone en général, et français en particulier. Le plurilinguisme, dont l’élargissement des horizons et l’abaissement des frontières imposent toujours davantage la nécessité, ne saurait se limiter aux seules langues de grande diffusion, au risque de se limiter, en dernière analyse, au seul anglais. Un des enjeux stratégiques majeurs des mouvements qui se battent pour développer la place des langues de France doit être la diffusion, dans la société française et européenne dans sa totalité, de ces vérités toutes simples.

Après Carcassonne, Béziers. Après Béziers, d’autres étapes encore sont à venir.

La FELCO sera présente, et sa présence sera active. Oui, nous marcherons encore pour la langue occitane, celle que nous parlons, celle aussi que nous enseignons à nos élèves, afin de renouer le fil de la transmission.

Dès à présent nous devons rester actifs: assurer un avenir à notre langue demande de recueillir le soutien du plus grand nombre.

La FELCO fait sienne la tâche de faire circuler la question de la langue dans l’ensemble de la société. Elle propose à tous ses adhérents individuellement et collectivement, à toutes les associations de « Anem, òc ! » de continuer l’action, d’engager le débat avec de nouveaux partenaires encore (institutions et organismes locaux, associations, syndicats, partis, élus, personnalités) pour qu’ils deviennent avec nous acteurs d’un soutien massif à « la crida ».

Nous appelons chacun à prendre sa part à ce travail, auprès de son entourage familial, amical, professionnel, syndical, associatif, dans les comités locaux « Anem, òc ! ». Tous ensemble et avec plus de partenaires, nous pourrons contribuer à l’entrée normale de la question de l’occitan et des langues de France dans le débat démocratique des prochaines échéances électorales, pour que les élus du peuple déterminent une politique enfin positive.

Le bureau de la FELCO

secrétariat et contacts : mjvb@wanadoo.fr – site internet : http://creo-mp.chez-alice.fr/

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