L’analyse de la FELCO sur le débat parlementaire du 7 mai 2008

cf : http://www.assemblee-nationale.fr/13/cra/provisoire/netprovi.aspr

Le débat promis s’est donc tenu. C’est un point positif. Bien sûr, nous aurions pu souhaiter qu’il ne se tienne pas un soir de veille de grand viaduc. Bien sûr, nous aurions pu souhaiter que le banc du gouvernement ne soit pas totalement vide, puisque seule Christine Albanel y siégeait. Et en tant que professionnels nous pouvons regretter l’absence de notre Ministre, qui nous avait laissé espérer l’année dernière des initiatives fortes. Nous aurions aussi pu souhaiter une couverture médiatique nationale qui a fait défaut une fois de plus. C’est dans la presse régionale, souvent, que l’écho a été le plus fort, en dehors du Figaro et de France-Soir. Signalons aussi le débat du soir sur LCP, la chaîne parlementaire, avec les députés Grenet et Brard, ainsi que Thierry Delobel (président de la FLAREP), débat positif dans l’ensemble : http://creo-mp.totenoc.org/cavousregarde070508.wmv

Malgré nos quelques regrets, le débat a eu lieu, et ce n’est pas négligeable.

Les interventions des députés, de toutes tendances, ont globalement convergé autour d’une revendication simple : une loi significative, et une modification de l’article 2 pour éviter toute manipulation hostile passant par le Conseil Constitutionnel. La question de la Charte des langues moins répandues fait moins consensus, et il nous faudra voir avec nos partenaires s’il est utile de la maintenir.

En face, notons le point de vue de M. Warsmann, président UMP de la Commission des lois – ce n’est donc pas n’importe qui -, qui est radicalement contre tout, loi, Charte, article 2, et qui se contenterait de mesures « à droit constant », autant dire pas grand chose. Et il nous faut noter que malheureusement la Ministre Albanel est sur la même position, et qu’au surplus elle se moque de toute cette histoire.

Ce n’est visiblement pas le même « nègre » qui a écrit ses deux discours, celui du début où elle mouline des généralités agréables et compte (correctement) 75 langues de France (parmi lesquelles les « langues d’oc »…) et celui de la fin, où elle en compte 79 ! Cet amateurisme accompagne la reprise de la fatwa présidentielle, déjà énoncée au cours de la campagne électorale : pas de Charte, pas de modification de l’article 2, mais une loi, un jour, qui fera l’ « état des lieux » avec peut-être quelques compléments miséricordieux. Le tout mêlé, dans le discours final d’Albanel, aux sophismes ordinaires dévidés en pilotage automatique, sur les minorités qui existent partout dans le monde, mais pas en France, sur les pays qui font quelque chose pour leurs langues parce que leur histoire n’est pas la nôtre ( ?), sans oublier le coût potentiel de la traduction de l’annuaire téléphonique en 75 patois (ou 79, ou 73,5, ad libitum), au cas où serait acceptée la catastrophe cosmique de la prise en compte des langues de France dans l’espace public. Et pour couronner le tout, le must absolu, l’égalité républicaine incompatible avec la reconnaissance de droits collectifs, argument purement théologique qui, s’il s’appliquait, devrait mener tout droit à la dissolution des partis, des syndicats et de toutes les associations qui revendiquent quelque chose de particulier…

Madame Albanel aurait dû mieux écouter M. Hénault qui a révélé ce qui dans la Charte pose vraiment problème à ses adversaires : la possibilité d’un contrôle, au niveau européen, sur la façon dont les Etats-membres appliquent la Charte, une fois signée et ratifiée. La France aime donner des leçons à la galaxie, elle n’aime visiblement pas en recevoir.

Clairement, le compte n’y est pas, et, comme sur d’autres sujets, le gouvernement fait semblant de consulter des gens après avoir décidé tout seul ce qu’il ferait, et ce qu’il ne ferait pas. Compte tenu de tout le bien que le Premier Ministre pense des langues régionales, on peut même se demander si l’octroi de ce débat, si intéressant soit-il, n’est pas pour lui une simple concession faite à des députés qui, y compris dans sa majorité, considèrent que le gouvernement ne fait pas assez attention à ce qu’ils disent et pensent.

Ce qu’il y a de positif, répétons le, c’est cependant que le débat a eu lieu, et que des voix se sont faites entendre qui allaient dans le bons sens : nous remercions donc ceux qui les ont faites entendre. Il nous faut à présent continuer, avec les autres organisations, occitanes ou d’autres langues, à accompagner les députés qui se sont manifestés et les autres dans leur réflexion et leur action. Avec une priorité stratégique, l’article 2 : un ajout dans cet article d’une mention du respect dû aux langues de France est le moyen minimal d’entraver tout recours à venir au cas où une loi ira un peu trop loin du point de vue de tel ou tel député ou sénateur. Sans cela, nous serons toujours menacés. C’est un combat qu’il faut commencer dès maintenant.

Et dans un premier temps, nous-mêmes à la FELCO, nous préparons le rendez vous du 23 mai au Ministère, qui nous permettra de voir où ils en sont, là-haut, sur cette question, et de leur dire o ù nous en sommes, nous. Ce n’est donc pas fini

PS : depuis la rédaction de ce message, il y a eu débat sur la question au Sénat :

http://www.senat.fr/cra/s20080513/s20080513_4.html#par_27

On peut consulter l’ensemble des bulletins de la FELCO http://creo-mp.totenoc.org/butletins_felco.html

DERNIERE MINUTE:

dans le débat en cours à l’Assemblée Nationale sur la réforme des institutions, des députés de tous les groupes politiques ont déposé des amendements visant une mention des langues régionales dans la Constitution. L’examen de ces amendements en séance commencera le mardi 20 mai à 21h30. Pour voir la séance publique en direct: http://www.assemblee-nationale.fr/13/seance/seancedirect.asp

Marie Jeanne VERNY

co-secrétaire FELCO – Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc

Présidente CREO Lengadòc

La FELCO est hébergée par son association académique le CREO de Toulouse
http://www.creo-mp.org/

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