Comme « la Tarasca » en Provence, « lo babau » dans le Pays-Niçois est un être imaginaire dont on se sert pour faire peur aux petits enfants. En ce début d’année 2005, où chaque niçois se doit de préparer le Carnaval :
« Cu vòu faire un bòn Caramentrant que lo comence au jorn de l’an »
nous avons pensé à cette chanson créée pour l’arrivée du Carnaval de Nice.
Chaque couplet nous fait découvrir un peu ce monstre par des renseignements insignifiants en apparence afin que perdure un peu de mystère. Il existe un jeu niçois « faire babau » où l’adulte apparaît subitement à un enfant en criant « babau » pour lui faire peur, ne montre qu’une partie de son corps et se retire ensuite. Le jeu se répétant plusieurs fois. Le « Trésor dóu Felibrige » de Frédéric Mistral nous enseigne qu’ « un auteur italien, qui a entendu même à Florence menacer les enfants du « bau », croit avoir trouvé l’étymologie dans le nom d’Annibal dont les femmes romaines menaçaient leurs enfants. » « Lo babau » est représenté ici par la volonté de Serge PESCE, le compositeur, par le « berimbao », instrument de musique du Brésil, sorte d’arc musical muni d’un coucourdon servant de caisse de résonnance et qui se joue à l’aide d’un galet. Cet instrument Sud-Américain, qui rythme et accompagne la chanson, aurait tout aussi bien pu naître en Provence ou dans le Pays Niçois, de part la nature des matériaux qui le composent. Ce clin d’oeil au Brésil, nous rappelle les liens qui unissent ces deux langues latines. Cette chanson a été créée par Danièle FRANZIN à Cagnes sur Mer (PIAF) à l’occasion de la sortie de la K7 : « Yes Bomb’ai ».
Que fa paur e que fa mau ?
Que sòrte lu jorns de fèsta,
Qu’a la tana dins un bauç.
Es lo babau, paure diau,
Qu’a lo cuòu coma un tambau !
Repilha : Berimbabau(1), ditz-mi
Cen qu’es lo babau.
Au moment de Carneval,
Maufidatz-vos dau babau,
De la coa, de la tèsta
Dei arpions e pi dau rèsta.
Lo babau, lo paure diau,
Bofa coma lo mistrau !
Cu entartuga li filhas
Au moment dau calabrun ?
Sus la plaça es de foliá,
D’escombulh e de bolun.
Nòstre babau, paure diau,
Sauta pus aut qu’un cavau !
Manda de fum e de fuec
Sus la fòga mascarada.
Per eu es pas mai qu’un juec
‘Na mania ben fissada.
Cu vòu metre lo morrau
Au babau qu’es paure diau ?
Repilha per acabar : Berimbabau, sabi
Cen qu’es lo babau.
A la tana dins un bauç,
Bofa coma lo mistrau,
Sauta pus aut qu’un cavau,
Vòu pas metre lo morrau.
Un babau es un paure diau,
Qu’a lo cuòu coma un tambau.
Paroles : Jean-Pierre Baquié- Musique : Serge Pesce
Traduction du « babau » :
« Mais quelle est donc cette bête/ Qui fait peur et qui fait mal ?/ Qui sort les jours de fête,/ Qui a sa tanière dans une falaise./ C’est le « babau », pauvre diable /qui a le c… comme un tambour! // Refrain : Bérimbabau dis-moi/ Ce qu’est un « babau »// Au moment du Carnaval/ Méfiez-vous du « babau »/ De la queue, de la tête/ Des griffes et puis du reste./ Le « babau », le pauvre diable,/ Souffle comme le Mistral !// Qui étourdit les filles/ Au moment du crépuscule ?/ Sur la place c’est folie/ Frayeur et bousculade./ Notre « babau » pauvre diable,/ Saute plus haut qu’un cheval !// Il envoie de la fumée et du feu/ Sur la foule masquée/ Pour lui ce n’est guère plus qu’un jeu/ Une manie bien ancrée./ Qui veut mettre la muselière/ Au « babau » qui est un pauvre diable ?// Refrain pour terminer : Bérimbabau je sais / Ce qu’est le « babau »// Il a sa tanière dans la falaise,/ Il souffle comme le mistral,/ Saute plus haut qu’un cheval,/ Il ne veut pas mettre la muselière,/ Un « babau » c’est un pauvre diable,/ Qui a le c… comme un tambour.// (1) Berimbabau : Agglutination de « berimbao » et « babau ».