Amics occitans, la cronica Ribon-Ribanha d’ancuei en mentonasc, titrada « Garibaldi à Mentan », v’es prepauada da JL Caserio, president de la Societat d’Art e d’Istòria dau Mentonasc (S.A.H.M) associacion afrairada a l’IEO-06. Lo tèxto original en francés es de Abel Cerutti Maori e la traduccion mentonasca de Hubert Barberis. Asperam tanben lu vòstres escrichs per li cronicas futuri, que sigon racòntes dau passat ò dau quotidian, articles jornalistics, galejadas, poesias, cançons, scenetas de teatre, bandas dessenhadi…
a l’adreça : ribonribanha@yahoo.fr
« La garderem ribon-ribanha, nòsta rebèla lenga d’Òc ! »
Dans son ouvrage « Carlo, mon grand-père – 1828-1892 » Abel Cerutti-Maori, nous propose une évocation biographique du célèbre artiste-peintre qui s’installa à Menton en 1863 et développa une activité de peintre et de fresquiste. Avec son fils Guillaume, Carlo Cerutti-Maori décora à Menton de nombreux immeubles et bâtiments publics de ses célèbres frises. Abel Cerutti-Maori évoque également le passé garibaldien de Carlo et notamment la rencontre à Menton, du peintre avec les Chemises Rouges.
Garibaldi à Mentan
Mentan e Rocabruna han votà ou 15 d’abrì 1861 ou sen restacament a ra França. U mentounasque se san spreishà de bastì un mounument à ra glòria de r’imperatoù sus’a piaça Napolean III en facha da coumuna.
1870 : ou païs ese pilhà de frenesìa. Coura re gente han saupù ra batosta de Sedan, ra decadença de Napolean III e ra prouclamacian da Repùblica dou 4 setembre 1870, una foula, urlanta s’es amourounàia sus’a piaça Napolean III. De joue han ligà ou bustou de r’imperatoù dame una couarda e r’han ribatà da coulana. R’han stirassà fint en piaça dou Cab douna r’han speçà.
Ra versatilità dou pòpoulou n’ha menga limite. Brujà ancui ço que adourava ìe. Carlo se n’avisava dou temp que armade de Napolean III combatian dame u patriote talià.
A França da Libertà era en perìcoulou. Garibaldi leva una armada de volountari en Itàlia. Venìa mete ra soua spada au siervici dou gouvernou da defensa naciounale. En autoubre, ha passà e Arpe, e noutament per Mentan, per embarquà-se à Niça. Ou camen de ferre Paris-Lyan-Mediterranea venìa de fà a liasan dam’ a capitala da Riviera.
Carlo Cerutti-Maori dechide d’asperà u Garibaldian au Pouant San-Louì, postou-frountiera, douna venian en couantra à marcha fourçàia per rejougne au pu vitou r’armada de Bourgogna. Maria-Anna, que counoushìa perfetament u sentimente d’ou sen marì, dechida d’acoumpagnà-rou dam’ u se cinq enfante.
Que sfougament coura Carlo retrouva à ra testa de Camije Rousse, tantu ouficié qu’avian coumbatù à Varese, à Como e fint au lag de Gàrdia ! A remembrança defilava. Elu se cuntavan u dieje ane de soua vita despuhi Solferino.
Ou camen à pé ese long dou pouant de San-Louì à San Rouman, frountiera Mounegasca. A u cuenti du soue fate remarcàbile, ou viage ha semelhà pran court à Carlo. Sa moulhé e u enfante seguitavan, pegà à ra camijouara dou sen paire, scoutent de toute e soue aurelhe. Carlo avìa de mà à separà-se du se coumpagnoù. U pichoù caracoulavan a cagalan sus’ e spale du Garibaldian, u grane seguitavan putost e eran stanque. Ma prudenta, Marie-Anna avìa dich ent’u se enfante : « Nou stasé à laishà vouaishe paire, que risqueriar de nou pu revé-rou fint à ra fen da guerra ». Vint per a presença de sa moulhé e du se enfante, elou s’ese rasagnà à dintrà en casa-soua.
Ou retorn à Mentan, ha semelhà intermenàbile. U dou darrìe pichoù ent’ u brasse du parente, u majoù mouarte de stanquessa, rejougnan en piena nuech ra casa da familha, elou tout à ou sen pensierou, ela, à soua felichità d’avé saupù servà ou paire du se ‘nfante. (revirada da Hubert Barberis)
Garibaldi à Menton
Menton et Roquebrune votaient le 15 avril 1861 leur rattachement à la France. Les Mentonnais s’empressèrent d’édifier un monument à la gloire de l’empereur sur la place Napoléon III, face à la mairie.
1870 : Brusquement, la ville fut prise d’une rapide frénésie. Dès que la population connut la défaite de Sedan, la déchéance de Napoléon III et la proclamation de la République du 4 septembre 1870, une foule hurlante se massa sur la place Napoléon III ( la Place Napoléon III devint la Place Nationale, puis Place Clemenceau). Des jeunes gens encordèrent le buste de l’Empereur et le jetèrent au bas de la colonne. Ils le traînèrent jusqu’à la place du Cap où il fut mis en pièces.
La versatilité du peuple n’a point de limites. Il brûle aujourd’hui ce qu’il adorait hier. Carlo Cerutti Maori eut une pensée pour l’époque où les armées de Napoléon III combattaient au côté des patriotes italiens.
La France de la Liberté était en danger. Garibaldi leva une armée de volontaires en Italie. Il venait mettre son épée au service du gouvernement de la défense nationale. En octobre, elle passa les Alpes et notamment par Menton pour s’embarquer à Nice. Le chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée venait de faire sa liaison avec la capitale de la Riviera.
Carlo décida d’attendre les Garibaldiens au Pont St-Louis, poste frontière. Ils arrivaient à marche forcée pour rejoindre au plus vite l’armée de Bourgogne. Marie-Anne [l’épouse de Carlo] connaissant parfaitement les sentiments de son mari, décida de l’accompagner avec ses cinq enfants.
Quelles effusions lorsque Carlo retrouva à la tête des Chemises Rouges, plusieurs officiers qui avaient combattu à Varese, à Como et jusqu’au lac de Garde ! Les souvenirs défilaient. Ils se racontaient les dix ans de leur vie depuis Solférino.
Le chemin à pied est long du pont de St-Louis à St-Roman, frontière monégasque. Au récit de leurs exploits, le voyage parut bien court à Carlo. Sa femme et les enfants suivaient, collés aux basques de leur père, écoutant de toutes leurs oreilles. Carlo avait du mal à se séparer de ses compagnons. Les tout petits caracolaient à califourchon sur les épaules des Garibaldiens, les grands suivaient plutôt fatigués. Mais, prudente, Marie-Anne avait dit à ses enfants : “Ne quittez pas votre père. Vous risqueriez de ne plus le revoir jusqu’à la fin de la guerre”. Vaincu par la présence de sa femme et des enfants, il se résigna à réintégrer son domicile.
Le retour à Menton, éreintant au possible, parut interminable. Les deux derniers aux bras des parents, les aînés épuisés, ils rejoignirent en pleine nuit le logis familial, lui, tout à ses pensées, elle, à son bonheur d’avoir su garder le père de ses enfants.
(Texte de Abel Cerutti Maori)