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Amics occitans, la cronica Ribon-Ribanha d’ancuei, titrada « VË VIË ! », v’es prepauada da Joan-Pèire AIPERTO soci de l’IEO 06. Asperam tanben lu vòstres escrichs per li cronicas futuri, que sigon racòntes dau passat ò dau quotidian, articles jornalistics, galejadas, poesias, cançons, scenetas de teatre, bandas dessenhadi…


a l’adreça : ribonribanha@yahoo.fr

« La garderem ribon-ribanha, nòsta rebèla lenga d’Òc ! »

VË VIË !

Tutë ři ani dë meijë d’agostë, Gniaci montava a Saogë. Sensa mai abadàa, ë vënia dië bondí a me pà e me mà, e bařatàvan ře nòve dë řa vila e d’ë paï dë ř’anë passat è ! Pëi me mà ř’i n’avisàa cuèla stòřia quë tuti ři ani së riían tantë tuti trei… Alořa ë cuntava :

Con ë me colèga Domi aviavamë trovat dë travalhë ën vila. Cossí a Saogë ë ř’i èřa pòquë d’a fàa dë cuili tempi après guèrra. E, una sabia dë seiřa, ënt’una carreřa de Niça velha së rëcampavamë dalin-dalan, e cantavamë, « Řa Violeta ». Atòca dië qu’aviavamë un pòquë buvit nè ! E qui passa për li, dui carabineë ën bicicleta, con cuèla capa laiga, r’i diguiam, « Les hirondelles », e s’afeiman :saorge_1.jpg

« Messieurs ! Vous faites du tapage nocturne à l’heure qu’il est ! Mais aussi, vous semblez ivres ! Ah ! Ah ! Suivez nous au poste, on vous visse ! Allez ! On vous visse ! »

Ò! Lòquë an dichë li ! Lòquë en dichë li ! Së semë missi a rië, a rië, a cavàa-se ři denti mas !

« Ah ! Ah ! Vous riez ! Au poste de police devant le chef vous rirez moins ! Allez ! On vous visse, chez l’adjudant ! »

Arruvat dënantë ë chèf, së riavamë sempre. Provamë a spiëgàa-se, mas, ë s’ëmbilava, ë së faguia marrit. Ò ! Së vëgavamë ja ën preijon ! Arivamë pëi a caimàa-se, e ř’i diguemë :

« Ecoutez chef ! Vous dites, je vous visse, je vous visse, cela nous fait beaucoup rire, car si vous nous vissez, un jour, nous, on sortira de vôtre prison, mais avec mon copain si on vous vissait vous, tous les trois, vous ne sortiriez plus ! »

Alořa li ëncòë pegë, ë s’ëmbilava dë mai, ë raiava, picava dë ponhë shu ë desquë…

«C’est moi qui vous visse maintenant ! Assez ! Montrez vos papiers ! Vite ! Vos papiers ! » N’amë shu pailat, semë stai muti pëique li, ř’aimanaco maicava patèle nè… Sensa papeë d’identitat è, ř’i moshamë alořa una caitolina quë diguia :
« Employé au service des Pompes Funèbres à la ville de… »

Ò! Mařavilh, quandë r’a lëjut lolí, ë s’ei drissat còmë un matë, ë raiava còmë un dëspëřat. Alořa li, fënit dë rië-se, muti tuti dui, stramoitíi, stë viètgë semë ën preijon…

« Dehors ! Dehors ! Sortez d’ici, je ne veux plus vous revoir ! Dehors ! Foutez-les dehors et vite !…

Ofa !… Në së semë pas fachë dië dui viètgi nè ! Contenti d’aveë řa libëitat e d’ëndàa-së n’ën a cà. Arruvat n’a carreřa, për rëmontàa-se un pòquë dë cueë spavent, semë ëndait bëvë un viatgë, e sotë vosë, amë toina cantat: « Řa Violeta »…

A cavàa-se ři denti = textuellement, à s’arracher les dents.
R’aimanaco maicava patèle = l’almanach marquait les coups.
Gniaci = Ignace.
Domi = Dominique.

Texte Saorgien : Jan-Piè AIPERTO

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Je vous visse!

Chaque année au mois d’août, Gniaci montait à Saorge, sans oublier de venir saluer mon père et ma mère, et d’échanger les nouvelles de la ville et du pays de l’année passée eh ! Puis ma mère lui rappelait cette histoire qui les faisait rire chaque année… Alors il racontait :

Avec mon collègue Dominique nous avions trouvé du travail à la ville. Ici à Saorge il y avait peu à faire en ces temps-là, après guerre. Un samedi soir dans une ruelle du vieux Niçe, nous rentrions chez nous cahin-caha en chantant « La Violette ». Il faut dire que nous avions un peu bu !… Et qui passe par là ? Deux gendarmes à bicyclette, vêtus de leur large cape on les nommait « les hirondelles », Ils s’arrêtent:

« Messieurs ! Vous faites du tapage nocturne à l’heure qu’il est ! Mais aussi, vous semblez ivres ! Ah ! Ah ! Suivez-nous au poste, on vous visse ! Allez! On vous visse ! »
Oh ! Qu’est-ce qu’ils ont dit là ! Mais qu’est-ce qu’ils ont dit là ! Nous éclatons de rire, mais pris d’un fou rire incontrôlable…

« Ah ! Vous riez ! Au poste de police vous rirez moins ! Allez ! On vous visse ! Chez l’adjudant ! »

Arrivés dans le bureau du chef, nous avions toujours le fou rire. Nous essayons de nous expliquer mais celui-ci devint rapidement coléreux et méchant. On s’imaginait déjà en prison ! Nous arrivons enfin à nous calmer pour pouvoir lui dire :

« Ecoutez chef ! Vous dites, je vous visse, je vous visse, cela nous fait beaucoup rire, car si vous nous vissez, un jour nous on sortira de vôtre prison, mais avec mon copain si on vous vissait tous les trois, vous ne sortiriez plus ! »

Alors là, sa colère monta d’un cran, il criait encore plus fort, frappait du poing sur le bureau…

« C’est moi qui vous visse, maintenant ! Assez! Montrez vos papiers ! Vite ! Vos papiers !

Nous ne parlions plus, muets, car la soirée allait mal se terminer pour nous deux.
A défaut de pièces d’identités, nous lui présentons alors une petite carte justifiant nôtre profession et lieu d’emploi « Employé au service des Pompes Funèbres à la ville de… »
Malheur ! Il lut cela et se leva fou furieux, hurlait de colère. Là, fini de rire, muets, assommés !
« Dehors ! Dehors ! Sortez d’ici, je ne veux plus vous revoir! Dehors ! Foutez-les dehors vite ! »
Ouf !… Nous n’avons pas attendu cette expulsion une deuxième fois, contents d’être libres et de rentrer chez nous.
Arrivés dans la rue, pour se remonter un peu de cette épouvante, nous sommes allés boire un coup et nous avons à nouveau chantonné: « La Violette »…

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