Les formulettes sur les doigts de la main existent dans le monde entier. Elles témoignent d’une certaine communauté de jeux qui voyagent dans l’espace et dans le temps.
D.L.M. a eu la gentilesse de nous en offrir une brigasque le 18 février sur le forum niçois. Cela va peut-être vous permettre, vous qui êtes détendeurs de notre mémoire collective, d’enrichir cette modeste série d’articles consacrée aux formulettes sur les doigts de la main.
Ces formulettes sont également des moyens simples et efficaces pour que les enfants perçoivent, dès le plus jeune âge, la réalité et la fonction de chaque doigt.
C’est en général par ces formules que les mamans font prendre conscience à leur enfant des possibilités motrices et tactiles de leurs doigts.
Pour illustration nous en avons choisi quelques-unes du département des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco, en nous ouvrant ensuite sur l’ensemble de l’espace occitan.
Une première catégorie de formulettes, à fonction distributive, apprend à l’enfant à nommer chaque doigt.
Elle s’appuie sur un certain nombre d’éléments concernant :
– la morphologie des doigts : petit, gros, long, court…
– leur fonction culturelle : le doigt qui porte l’anneau du mariage par exemple
– l’usage consacré du fait de leur morphologie : lèche-plat, écrase poux…
A Nice on dit :
Esposelet,
Det dau mitan,
Guinhaire,
Det gròs.
(petit doigt, doigt des époux, doigt du milieu, doigt qui indique, gros doigt)
[ l’auriculaire, l’annulaire, le majeur, l’index, le pouce]
Dans cette catégorie de formulettes, on commence de l’auriculaire vers le pouce, chaque doigt est rabattu successivement vers la paume.
A Menton on dit :
Sposo d’anet’,
Longa spada,
Scura mortier,
Chaca peolhe.
(Le doigt vermiceau, Epoux du petit anneau, Longue épée, Récure mortier, Ecrase poux.
A Monaco : (graphie monégasque)
Spusu d’anelu
Scianca spà
Scüra murtà
Scica pighoei
Et on ajoute :
Qü ne a….
(Doigt petit ver, Epoux d’anneau, Arrache fil, Récure mortier, Ecrase-poux… Qui en a…)
A Sospel on dit :
Poa dau melo,
Plus lòng de tos,
Cua mortier,
E chaca-peós.
(Petit doigt, Voisin du petit, Plus long de tous, Cure mortier, Ecrase poux)
Autres exemples occitans hors département des Alpes-Maritimes :
Version de Bedoin (Vaucluse) :
Anèu espós
Plus lòng que tot
Lica mortier
Cacha pesolhs.
(Tout petit nain, Anneau d’époux, Plus long que tout, Lèche mortier, Ecrase poux)
Version de Montpellier (Hérault) :
Plus grand que tot (sic)
Grand gusàs
Leca plat
Tua pesolhs.
(Tout petit nain, Plus grand que tout, Très grand fripon, Lèche plat, Ecrase poux.)
A signaler que cette version se chante sur une structure mélodique de deux notes (seconde majeure sol/la)
Version de Marseille (Bouches du Rhône) :
Simonet
Lònga tòra
Manja tèrra
Esquicha barbans.
(Petit doigt, Petit Simon, Longue chenille, Mange terre, Ecrase poux.)
Version de Toulouse (Haute-Garonne)
Amorel
Rei de totis
Leca farina
E cruca pesolhs.
(Tout petit doigt, Amoureux, Roi de tous, Lèche farine, Et attrape poux.)
A chaque mot, il faut pincer un doigt. Au pouce, il faut tordre le doigt comme pour attraper un pou.
La formulette suivante, a été recueillie dans le Luberon par Pierre PESSEMESSSE. On prend les doigts un à un, on les remue un instant et on dit l’expression de phrase qui correspond à chacun d’eux en remuant plus particulièrement le pouce.
Anula tot
Lòng que pus tots
Leca mortier
Cacha pevolh.
(Tout petit, Annule tout, Plus long que tous, lèche mortier, écrase pou.)
(A suivre….)