Collection Paul Froment
édition bilingue
La lauseta parla occitan. Despuòi de temps : al
mens nòu sègles… Nòu sègles per lo faire cantar
naut dins lo solelh que l’ensolelha.
Finís qu’es una votz nòstra que retrapam,
quand, dins l’èr agut d’un matin de prima,
l’ausissèm que se lèva e desfisa lo cèl.
E nos parla de libertat e de bonur, mesclats
totes dos. E qu’en l’arma, totes dos nos venon
emplenar l’èime.
E, tot lo jorn, serem portats per lo dire de
Ventadorn. E carissèm l’aucèl, tan teu, qu’escala
dins la lutz. Fins qu’a s’i mesclar e a s’i perdre.
L’alouette parle occitan. Depuis au moins neuf siècles. Neuf siècles où elle le fait chanter très haut, dans le soleil qui l’illumine.
De sorte que c’est une de nos voix que nous retrouvons quand, dans l’air aigu d’un matin de printemps, nous l’entendons s’élever et défier le ciel.
Et elle nous parle de liberté, et de bonheur, mêlés ensemble. Et qui, dans l’âme, tous les deux, viennent nous remplir d’espérance.
Et nous serons, tout le jour, portés par la voix de Ventadour. Et nous chérirons l’oiseau, si mince, qui s’élève dans la lumière. Jusqu’à s’y mêler et à s’y perdre.
Catalogues des peurs et de désirs, répertoires des règles morales ou esthétiques d’une époque, les bestiaires sont à la fois un genre littéraire et, par avance, l’aveu de leur contenu. C’est que les figures animales, réellement vues ou seulement entr’aperçues en rêve, hantent depuis les époques lointaines de Lascaux ou de la grotte Chauvet, la mémoire humaine : représentations réalistes ou expressions religieuses, ces poèmes de couleurs, de formes ou de mots assemblés expriment l’énigme réciproque de l’homme et de la bête, de la plus humble à la plus terrifiante.
Les animaux de Max Rouquette ne sont pas pour lui des créatures marginales : on les trouve éparpillés tout au long de son œuvre, poétique, romanesque et même théâtrale. Son Bestiaire, dont on trouve ici le deuxième volet, en attendant les suivants, regroupe comme dans une étrange galerie de tableaux toutes ces présences innombrables dont le regard, souvent indéchiffrable, interpelle l’écrivain en lui tendant autant de miroirs de sa propre condition. Ces instants d’émotion intense y sont traduits en rythmes et en images souvent vertigineuses où l’humour, quand il vient à s’y manifester, souligne la qualité du lien unissant le poète à tous ces autres soi-même qui l’attirent au plus enfoui de son imaginaire, jusqu’aux abîmes du temps et de l’espace.
Philippe Gardy
Max Rouquette est né en 1908 à Argelliers, petit village des garrigues montpelliéraines au pied du causse du Larzac. Son œuvre de prosateur (la série des Vert Paradis, et plusieurs romans), de poète, de dramaturge (dont une Médée occitane, récemment rééditée) et d’essayiste (il a accompagné le regard de nombreux photographes), est immense. Poète et musicien de la langue occitane, il n’a de cesse d’initier ses lecteurs à ce chant universel qui nous rattache aux vibrations infinies du monde.
Prix : 12 € ISBN : 2-85792-158-6
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