L’IEO-06 festeja lei-sei-lu sieus 30 ans.
-Monsieur le Conseiller Général, Maire de Grasse,
-Monsieur le Conseiller Régional, Maire de Mouans-Sartoux,
-Monsieur le Maire de Drap,
-Mesdames et Messieurs les Adjoints et Conseillers Municipaux,
-Mesdames, Messieurs, les Présidents des Associations,
-Cars amics e sòcis,
Nous sommes tous réunis ce jour pour fêter les 30 ans de notre association, l’IEO-06 (l’Institut d’Etudes Occitanes des Alpes-Maritimes) et je voudrais vous remercier d’être venus aussi nombreux.
Je souhaite commencer ce discours par un bref historique et rappeler que notre association a été créée le 4 novembre 1976 (J.O.) ici même à Grasse.
Georges Gibelin en a été son premier président, jusqu’en mars 1986, lui ont succédé dans l’ordre chronologique, Gilbert Combe (mars 1986 à octobre 1991), André Saissi (octobre 1991 à janvier 1994) puis Jacques Pietri (janvier 1994 à janvier 2002) et enfin votre serviteur depuis janvier 2002.
Cet rappel se veut avant tout un hommage rendu à l’œuvre et au travail de mes prédécesseurs, qui ont fait de l’IEO-06 un outil au service de tous. Qu’ils en soient remerciés.
Je rappelle également que Georges Gibelin fut notre président d’honneur jusqu’en janvier 1994 date de sa disparition.
L’Institut d’Etudes Occitanes ( appelé depuis IEO Central) a été fondé en 1945 sous les auspices de l’Université par des écrivains issus de la Résistance, il est profondément attaché aux valeurs fondamentales de la démocratie républicaine. L’article 1er de nos statuts indique que l’IEO ” a pour but la direction, l’harmonisation, la normalisation et la centralisation de tous les travaux se rapportant à la culture occitane dans le sens de l’enseignement, du maintien et du développement”.
Née de la Résistance, notre association entend servir la culture occitane “comme valeur humaine, source de richesse pour la France”. L’IEO a été reconnu d’utilité publique en 1949, et agréé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports comme association d’éducation populaire en 1986. L’Agrément National de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative a été renouvelé cette année le 1ier septembre 2006.
Notre association IEO est forte de 34 sections départementales, dont la notre (créée en 1976 comme je le disais au début). Ces 34 sections sont situées sur l’ensemble du domaine d’oc y compris le Val d’Aran en Espagne et les 10 Vallées occitanes d’Italie, une section de l’IEO se trouve également à Paris.
Notre association dispose de 5 sections régionales dont le CREO-Provence (Centre Régional d’Etudes Occitanes), représentées par Pierre BRECHET et Jean Saubrement dans notre région,
et un organisme central qui mène son action au niveau national.
Pour terminer la présentation de l’IEO, je voudrais également signaler que notre section départementale dont le siège social est situé à Grasse possède une section locale à Nice très dynamique : Lo Gramon..
Pour compléter le tableau, une dizaine d’associations « amies », nous préférons dire « afrairadas » sont affiliées à l’IEO-06. Je voudrais également rendre hommage au travail de ces associations en les présentant toutes :
– La S.A.H.M (Société d’Art et d’Histoire du Mentounasc) qui publie entre autre la revue « Ou Pais Mentounasc)
– La Calandreta de Drap, école associative bilingue, laïque et gratuite qui en est à sa 5ième année de fonctionnement, et dont le niçois est la langue de communication. Merci à cette association, pour son travail en direction des enfants, je précise que la Calandreta possède également un cours de langue adultes.
– L’Association du Vieux Village de Saint Laurent du Var qui organise de nombreuses manifestations dont la soirée occitane qui accueille plusieurs centaines de personnes dans le grand gymnase de Saint Laurent du Var.
– Alp Harmonia qui organise entre autre, son festival « Festi’Cant » durant 3 jours, dans les villages et villes de la vallée du Paillon. Cette année à Drap, Contes et Berre les Alpes.
– La compagnie Piada Deliura, , groupe de chants polyphoniques qui à travers son répertoire se donne pour mission la pratique contemporaine, le collectage et la diffusion du patrimoine occitan. Son répertoire voyage entre Provence, Piémont et Pays-Niçois. Vient de publier un second CD enregistré en l’abbaye du Thoronet.
– L’association « Cardelina » groupe de chanteurs dirigée par Patrick Meyer, qui comme la compagnie vocale Piada, promeut le chant polyphonique Provençal et dont je salue le dernier CD.
– L’association “Cantar lo Pais a l’Escòla” affiliée à l’I.E.O-06 depuis sa création et qui organise chaque année une rencontre chorale dans le Var et les Alpes-Maritimes pour les écoles volontaires des deux départements et au delà.
– L’escomessa : les buts de ce centre occitan d’animation du Pays Cannois est la défense la promotion et le développement de la langue et la culture de Provence. Signalons la publication du dictionnaire Provençal-Français réalisé par l’Escomessa en partenariat avec l’IEO-06 et le CREO-Provence.
– Le C.C.Oc-Pais Nissart, qui organise des cours de niçois, d’italien ainsi que d’autres manifestations culturelles. Cette association possède une troupe de théâtre « La chorma » qui se produit régulièrement.
– Et enfin l’association niçoise Si canta, si ditz, avec qui nous entretenons des liens étroits de travail et d’amitié, dont l’intitulé en lui-même résume une bonne partie des activités de cette association, c’est à dire le chant et le dire sous toutes ses formes.
– Une nouvelle association vient de frapper à notre porte, il s’agit de La Dralha, de Coarase créée par notre grand poète Alan Pelhon, qui organise de nombreux spectacles de chants et poésies en Provence et le Pays-Niçois. Bienvenue donc à cette Association.
Tout cela c’est l’IEO-06, une grande famille : plus de 2 500 personnes, femmes et hommes qui ont choisi de se mettre au service de la langue et culture d’oc et de la faire vivre au quotidien par des cours de langue, de danses traditionnelles populaires, de théâtre, de chants, par la publication d’ouvrages, de revues, l’organisation de sorties éducatives et culturelles, par la gestion et l’animation de sites sur internet.
(Je signale à titre d’exemple que le site de l’ieo-06 a publié depuis mars 2005 ( en un peu plus de 18 mois), plus de 700 articles, 75 000 personnes l’ont visité et ont lu 165 000 pages.)
Nos activités sont riches, variées. Vous le savez, vous qui en êtes les acteurs. Je voudrais éviter ici l’énumération facile du catalogue de toutes nos activités, de reproduire devant vous le rapport annuel d’activités.
Je voudrais au contraire profiter de ce rendez-vous, pour vous dire que si nos cours de langues (Provençal et niçois) tant à l’IEO-06, qu’au CCOc-País Nissart, à la Calandreta, à l’Escomessa etc… font le plein, notre langue est aujourd’hui menacée ; menacée parce que sa transmission aux générations futures n’est plus assurée.
Elle est de moins en moins enseignée dans l’Education Nationale qui ne remplit plus sa mission de service public (4 postes seulement de professeurs cette année au CAPES d’occitan-langue d’oc pour 33 départements). Dans notre département, au niveau du primaire, l’unique poste de conseiller pédagogique LCR (Langue et culture Régionales) a été réduit de moitié, c’est à dire un demi-poste, (à titre comparatif, il existe 3 postes pour la musique, 2 pour les arts plastiques). De nombreux, collégiens et lycéens volontaires ne peuvent étudier notre langue faute d’enseignants. Certains viennent nous voir mais combien renoncent à cause d’un horaire ou de l’éloignement de leur domicile !
L’Etat Français se veut le porte parole, en Europe et dans le monde, de la diversité linguistique et culturelle (cf. : discours du Président Jacques Chirac a Hanoi), pourtant l’absence d’une législation positive, il est légitime de le dire, condamne notre langue.
A l’heure où le Parlement vient de signer l’adhésion de la France à la Convention de l’Unesco pour la diversité culturelle, on voit bien que les belles paroles de nos gouvernants ne sont pas appliquées dans notre pays, sur le terrain, dans notre vie de tous les jours.
Les textes de l’Education Nationale indiquent que le bilinguisme précoce français-langue régionale est “un atout pédagogique et culturel” pour les enfants. Combien d’écoles bilingues existe-t-il dans notre département ? La réponse vous la connaissez. Aucune. Pourtant il existe une demande de la part des familles, les évaluations de ce type d’enseignement sont partout excellentes. Alors, pourquoi les textes ne sont-ils pas appliqués ? Pourquoi la demande sociale n’est-elle pas satisfaite ?
Qu’on arrête de dresser des obstacles à ceux qui ont compris que vivre et valoriser la diversité du monde, c’est ici que ça commence, avec la langue d’oc.
L’Article 2 de la Constitution tel qu’il est rédigé est une arme contre l’occitan et les autres langues de France, nous réclamons sa modification afin que les langues de France ne soient pas exclues par ce texte.
En Espagne et en Italie notre langue a un véritable statut, elle est reconnue comme langue à part entière, elle est co-langue nationale.
L’IEO-06 était présente en Italie lors de cette promulgation à Robilante en présence des ministre italiens concernés.
En Europe, seules La France et La Turquie n’ont pas ratifié à ce jour la charte des langues régionales et minoritaires qui est une plate-forme à minima pour l’essor de nos langues de France.
A l’IEO, nous travaillons pour la reconnaissance de notre langue dans les médias (audio-visuels et écrits), pour son utilisation dans la vie publique (notamment le bilinguisme à l’entrée des villes et dans les noms de rues) et bien entendu pour le rétablissement de la transmission familiale.
Nous sommes reconnaissants à Nice-Matin de nous permettre la publication d’une chronique hebdomadaire en Provençal dans ses colonnes (Resson d’aquí) et fiers du travail accompli. Nous aimerions cependant que notre langue entre dans une normalité et que de véritables journalistes, femmes et hommes de l’art, prennent le relais en écrivant de véritables articles sur l’actualité, le sport, la culture…
Au niveau de la Télévision, nous regrettons le déplacement d’horaire de la seule émission en occitan : VAQUI sur France 3, qui est diffusée depuis la rentrée de septembre 3 samedis sur 4, à 10 heures 30, heure de faible audience où chacun vaque à ses occupations. C’est un moyen de marginaliser notre langue et cela nous le refusons. Dans le Sud-Ouest l’émission en occitan « Viure al País » a conservé son horaire. (On peut légitimement se poser la question du pourquoi ce changement chez nous ?)
Le 22 octobre 2005 nous étions 12 000 à Carcassonne pour réclamer qu’un meilleur sort soit réservé à l’Occitan. Cela ne s’était jamais vu pour une manifestation « culturelle ». Ce qui a frappé l’esprit de beaucoup, c’était de voir autant de jeunes et d’enfants, réunis pour dire que cette langue doit vivre ; une langue millénaire soutenue à présent par des jeunes cela met du baume au cœur.
Le 17 mars prochain nous ferons à nouveau entendre nos voix à Béziers. Nous le ferons avec beaucoup de force, dans un esprit festif et revendicatif pour que vive notre langue. Cette manifestation comme la précédente sera bien entendu pacifique. A l’IEO, nous avons le sens du devoir et de nos responsabilités vis à vis de nos adhérents et des pouvoirs publics.
Les échos que nous avons sont très positifs. Nous rencontrons un courant de sympathie dans la population et certains élus ont commencé à prendre la mesure de notre demande culturelle. Nous sommes de plus en plus nombreux à réclamer une politique sérieuse de prise en compte de l’occitan. Nous espérons être entendus. C’est le vœu que je formule ce soir avec vous pour que vive et perdure notre langue.
Avant de terminer ce discours (et de laisser la parole à Monsieur le Maire de Grasse), je voudrais remettre aux jeunes du Lycée privé Fénelon de la part de l’IEO-06, un chèque de 200 euros, notre modeste contribution au Téléthon 2006 qui aura lieu les 8 e 9 décembre prochains.
Comme vous le savez ce 20 ième Téléthon a pour ambition de transformer la recherche en traitements. Merci à ces jeunes de s’être mobilisés en faveur de l’Association Française contre les Myopathies qui donne désormais de plus en plus l’espoir aux malades et à leurs familles. Je vous demande de les applaudir pour leur engagement.
Encore un petit mot, avant de laisser la parole à Monsieur le Maire de Grasse, je voudrais remercier au nom de tous, la Ville de Grasse et ses Services pour le soutien qu’elle apporte à notre association, notamment par le prêt de salles, qui contribuent au déroulement de nos activités.
Vos dirai tanben quauqu mòts en lenga. (Cresi ben lo premier còup que m’avètz audit parlar francés, dins l’encastre de la nòstra associacion.)
Toti li demandas exprimadi dins lo domani de l’ensenhament, la creacion, lu mèdias e la vida publica an per tòca de crear un contèxto favorable a la recuperacion de la lenga, au restabliment de la transmission familiala e au desfolopament dau biais de viure portat per la curtura e la lenga occitani. Aquesti demandas s’adreiçan ai colectivitats locali ( comunas, comunautats de comunas, despartaments, regions) e a l’estat. Cadun deu pilhar en carga cen qu’es de la sieu responsabilitat.
Es a l’Estat d’adaptar la sieu legislacion.
La nòstra accion a per amira la preservacion de la diversitat culturala e lingüistica e demanda lo respècte dei drechs de la lenga occitana.
Podetz comptar sus l’IEO per desfendre lu vòstres drechs lingüistics e culturaus coma sabem que podem comptar sus de vautres.
Vos remercii de la vòstra atencion e per aquelu que vodràn perseguir la discutida vos doni rendetz-vos dau temps de l’aperitiu ò après.