Les formulettes du type « pain » selon la classification de LAMBERT sont nombreuses dans les Alpes-Maritimes, en voici deux illustrations :


Tourettes sur Loup :

Aqueu ditz qu’a fam,
Aqueu ditz qu’a pas de pan,
Aqueu : coma farèm ?
Aqueu : coma porrèm !
Aqueu richichiu :
« Cu travalha viu »
.

(Celui-là dit qu’il a faim, Celui-là dit qu’il n’a pas de pain, Celui-là : comment feron-nous ? Celui-là : comme nous pourrons ! Ce « richichiu » (dit): « qui travaille vit ».)

Saint-Jeannet :

Aqueu vòu de pan,
Aqueu vòu de vin,
Aqueu ditz : coma farai ?
Aqueu ditz : coma porrai !
E lo plus pichin ditz :
« Cu travalha viu »
.

(Celui-là veut du pain, Celui-là veut du vin, Celui-là dit : comment ferai-je ? Celui-là dit : comme je pourrai ! Et le plus petit dit : « qui travaille vit ».)

Ici, nous sommes en présence de formulettes utilisées pour faire passer une idée moralisatrice et, fait étonnant, c’est le « petit doigt » qui en est chargé. Est-ce sa vengeance ou veut-on tout simplement apprendre à l’enfant, dès son jeune âge, que la vie se gagne par le travail ?

Autre exemple occitan du même type :

Aqueu ditz que vòu de pan,
Aqueu ditz que n’avèm ges
Aqueu ditz : coma farem ?
Aqueu ditz : coma porrem !
Aqueu ditz : piu, piu !
Que trabalha viu !
.

(Celui-là dit qu’il veut du pain, Celui-là dit que nous n’en avons point, Celui-là dit : comment ferons-nous ? Celui-là dit : comme nous pourrons ! Celui-là dit : piu, pui ! Qui travaille vit !)

Voilà une variante de Breil sur Roya où le vol, clairement énoncé comme mode de vie est réprouvé par un membre de la famille :

Aqueu ditz qu’a fam,
Aqueu ditz que non n’an,
Aqueu ditz que n’a raubat,
Aqueu ditz que lo fau pas far,
Aqueu ditz que richichiu
Se non travalha non viu !
.

(Celui-là dit qu’il a faim, Celui-là dit qu’il n’ont rien, Celui-là dit qu’il en a dérobé, Celui-là dit qu’il ne faut pas le faire, Celui-là dit que « richichiu » On ne peut pas vivre sans travailler.

La formulette suivante, a été recueillie par Pierre PESSEMESSE dans le Lubéron. Elle débute le poing fermé. Il faut frapper à petits coups rapides sur les os qui saillent en disant :

Pinponhet, Pinponhet,
De que i a dins aqueu gròs det ?.
Et on répond : De mèrda ambé d’alhet.

On enchaîne avec l’énoncé suivant :

Aqueu vai a l’aiga,
Aqueu vai au vin,
Aqueu fai de sopa,
Aqueu se la manga tota,
Aqueu fai richichiu
Que li a pus ren per ieu.

(Petit Poucet, Petit Poucet, Qu’y a-t-il dans ce gros doigt ? De la m… avec de l’ail. Celui-ci va à l’eau, Celui-ci va au vin, Celui-ci fait de la soupe, Celui-ci
la mange toute, Celui-ci chante car il n’y a plus rien pour moi.

« Pinponhet » serait la déformation de « plen ponhet » correspondant occitan du français « petit poucet »

(à suivre…)

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