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Amics occitans, la cronica Ribon-Ribanha d’ancuei, titrada ” Řa cria “, v’es prepauada da Jan-Piè Aiperto, sòci de l’IEO-06. Asperam tanben lu vòstres escrichs per li cronicas futuri, que sigon racòntes dau passat ò dau quotidian, articles jornalistics, galejadas, poesias, cançons, scenetas de teatre, bandas dessenhadi…

Řa cria

Quandë Jean-Panissa ë campeë faguia řa cria ne carreře dë Saogë. Ř’ëndaguia fi a, a řa Madònna del Poggiò pëique cuili dë là, së plànhian se n’avian pa ře nòve dë paï.

Un còëpë dë còrna èřa për anonçàa ř’arrivë di mëicanti shu řa chaça ën Chapanhë. Un quë vëndia řa stòfa, ře brague dë frustanha, ře brague dë vëlu ; n’autrë quë vëndia ři cauceë grëssi për ëndàa ën campanha ; ë matařasseë ; ř’ëmpalha-banque. N’autrë ëncòë quë vëndia de caçařòle dë tòla, pinhate dë fèrë, coteli, ma cueë dë li catava shi ře pèlë dë voipë, dë foina, dë maitořa a ři Saogíi que braconàvan, ma, tutë lò da scondon e sotë vosë è…

Dui quëipi dë còrna, èřa řa cria dë mèře, për anonssàa ř’acampada dë conselh, ř’incanti de bandie, ř’incanti di mořìi d’a quëmuna, tutë ře nòve dë paï là…

Ën trent’e nëvë ë di dë řa declařacion dë guèrra dë ř’Itàlia a řa França, Jean-Panissa trombëtava ne carreře e ralhava: « Sauve qui peut ! Sauve qui peut ! Sauve qui peut ! »

Řa cria së faguia shi për ř’icanti dë řa bandia rësëivàa a řa cravaiřa, dë trovàa un pastoë, e rëveë cuèla tradicion còmë në ři anni d’un tempë fa.

A ë sòn dë řa còrna tute ře crave dë paï èřan rëjonche dë matin bòn’ořa n’a Barreřa, e tutë ë stròpë s’arëcampava dë seiřa ‘spantëgai n’e carreře. Ře tete chene a mojë, cada crava trovava ë se ushë dë stala sempre druvit. Cadun dëvia alořa pagàa ë pastoë, řa guaidia dë cada di dë pastuřa.

Ë di d’uncuëi, ë ni a chu, ni cria, ni crave, e ni cravaiřa!…

Jean-Panissa = surnom. Panissa (Purée de pomme de terre et de farine, recette saorgienne)

cravaiřa = troupeau. Confier toutes les chèvres chaque jour à un seul berger.

bandia = “bandite”, pâturages communaux attribué par adjudication.

Barreřa = barrière, lieu dit sous le château St Georges.

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Řa còrna e řa trompeta dë Jean-Panissa, un di dëriři campeë a fàa řa cria.

La corne et la trompette de Jean-Panisse, un des derniers garde-champêtre à faire les publications.

Texte en saorgien Jan-Piè Aiperto. Photos Maryse Moscio

La publication

Quand jean dit “panisse” le garde-champêtre faisait les publications dans les rues de Saorge.

Il allait jusqu’a la Madonna del Poggio, car les saorgiens de là-bas se plaignaient s’ils n’avaient pas les nouvelles du pays. Un coup de corne annonçait l’arrivée des marchands ambulants sur la place “Chapagne”.
Un qui vendait des étoffes, des pantalons de futaine, des pantalons de velours ; un autre qui vendait les grosses chaussures pour la campagne; le matelassier; le rempailleur de chaises. Un autre encore qui vendait des casseroles en tôle, des marmites en fer, des couteaux… mais celui-ci achetait aussi les peaux de renard, de fouine, de martre aux braconniers saorgiens, mais, tout ça en cachette et à voix basse, hé…
Deux coups de corne, c’était la “publication du maire”, pour annoncer les réunions du conseil municipal, les adjudications des pâturages, des moulins communaux, toutes les nouvelles de la commune, du pays…
En trente-neuf le jour de la déclaration de guerre de l’Italie à la France, “Jean-Panisse” trompétait dans les rues en criant: « Sauve qui peut ! Sauve qui peut ! Sauve qui peut ! »

La publication se faisait aussi pour l’adjudication d’un pâturage réservé au troupeau (cravaiřa), de trouver un berger, et revoir à nouveau cette tradition d’un temps passé. Au son de la corne toutes les chèvres du village étaient rassemblées le matin de bonne heure à la Barrière, et tout le troupeau était rendu le soir, éparpillées dans les rues du village. Les mamelles pleines à traire, chacune des chèvres retrouvaient son étable, la porte toujours ouverte. Chacun devait alors payer au berger, la garde de chaque jour de pâture.
De nos jours, il n’y a plus de publication, plus de chèvres, plus de troupeau!…

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