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Didier LANTERI, autor contemporan ben conoissut per lo sieu Diccionari francés-brigasc e finda per d’autres escrichs en niçard, en brigasc, tendasc e ne’n passi (cf. : Antò PITURINA), ven de nos mandar ancuei un estudi sus lo preterit brigasc.

Un pauc a la maniera de J-R RANCHER que diía embé malícia que lu sieus vers « a la fin son còntra l’insomnia » l’autor vos prepaua la lectura dau sieu travalh per aquestu moments :


« A ceux qui parmi vous auraient des insomnies d’endormissement et qui seraient éventuellement intéressés par les idiomes de Tende et de La Brigue, je vous adresse en pièce jointe un puissant somnifère…

En vous souhaitant une bonne lecture pour cet article que j’ai commencé en 2010… et que j’ai terminé aujourd’hui… » (26 juin 2010-18 mai 2014)

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Al Signor Onorato (✝), di Tenda

Vers un parfait brigasque

Le parfait – du latin perfectum tempus – ou encore passé simple ou prétérit, est un temps du mode indicatif qui permet dans un récit d’évoquer une action brève, tout au moins achevée – perfectum signifie en effet achevé – dans un contexte passé et révolu, coupé du présent.

Ce temps a existé dans le dialecte de La Brigue ainsi que dans celui de Tende, mais semble en avoir disparu au début du XIXe siècle. Il aurait résisté plus longtemps à La Brigue où dans les années 1980, la notion
qu’il eût existé était encore présente à l’esprit de quelques locuteurs nés peu avant leur siècle.

On dispose aujourd’hui de quelques indices qui peuvent autoriser à s’aventurer vers un travail de reconstruction de ce que put être le parfait brigasque.

A. Les éléments objectifs directs sur l’existence du parfait dans la haute vallée de la Roya.

– a. La traduction en brigasque de la parabole de l’enfant prodigue
Cette traduction, réalisée en 1812 dans le cadre d’une enquête sur les dialectes en usage dans les Alpes Maritimes diligentée par le ministre de l’Intérieur de l’Empire, constitue le plus ancien témoignage écrit du dialecte brigasque. On y trouve des formes verbales, aujourd’hui disparues, et qui sont de toute évidence à rattacher au temps du parfait. Elles coexistent au côté de l’imparfait et leur alternance avec l’imparfait est caractéristique du style utilisé dans un récit. Toutes correspondent à l’emploi du passé simple dans le texte en français qui a servi de base au travail de traduction (Evangile de Saint Luc).

Ce texte est rapporté ci-dessous tel qu’il fut orthographié à l’époque de l’enquête. Les formes verbales suspectées d’appartenir au parfait sont retranscrites en italique :

Un om avia dui fantiti ; e’r ciu giovo d’illi dui disch a se pai : pai, doneime ra portion der ben che m’atoca ; ér li partiv r’se ben. E de li à cheichi di, fait r’se scipot, r’figl r’ciu giovo se n’andeu a giràa per le mond, e li r’se mangeu r’se ben, menand una vita da porc. E apres essorse mangià tut, una gran carestia veniv en quer pais e ée stes comencev à veni povo ; é’r sen andev e’r sé mettev ar servizi d’un om de quer pais, é r lé mandev en t’un dre sei campagne a guardàa ri purchi : ér vorria ben incirse’r se vrent dre giande che mangiavo ri purchi, ma nesciun ner’in dagia.

Revenù pui en se stes’r disch : quanti servitòo an der pan a outa en cà de me pai, e mi mevir de fam ; cosi me drisserai e anderai da me pai e ri dirai : pa, ai pecà contra iddio e contra voe, ades mi ne son ciù degn d’esso ciamà vostr’figl, metteime a’r enguaa d’un dri vustri servitòo.

E essendse drissà, l’andev da se pai ; e mente che l’era encòo lontan, se pai’r vit, e piglià da ra compassion r’li andev sciubit en cronta e’r li se gechev a’r col e’r le basciev. E’r figl ri disch : pà, ai peccà contra iddio e contra voe ; ades mi ne son ciù degn d’esso ciamà vostr’figl.

E’r pai disch à ri servitoo : allon, portai ra ciù bella rouba che ri sie, e mettei ra ri, e dairi un’anei a ra sa man e causseiro, e pigliai un viie gras, e ammassairo e r mangierem e starem allegri perché quest’me figl era mort e le resuscita, l’era pers e’r se trovà ; e li commencero a stàa allegri.
E se figl’r ciù veigl’era à ra campagna e quand’r veniv e che’r fou vesein à ra ca’r sentiv sonàa e cantàa ; e’r ciameu un dri servitóo é’r li demandev lo ch’era tut ló ; e’r li disch : vostr’frà è venù, e vostr’pai a amassá un viie gras perché’r là recevú san.

E ra bile’r pigliev, e’r ne vorrià ciù intráa ; ma se pai insciv’ de fora e’r comencev a pregarlo ; ma èe disch en resposta à se pai : ora’r li a tanti ani ché v serv e son delong stait a vostr command, e voé ne m’avé mai dait un cravé, perché mi stés’allegr con ri mei camerada ; ma depui che quest’vosti figl, che sè mangià’r fait se per bagasse è venù, voe ri avè amassà un viie gras.

Ma èe ri disch : me figl’ti estï delong con mi, e tut lo che ai è tè, e’r besognava benmangiàa e stàa allegri perché quest te frà era mort e l’é resuscita, e’r s’era pers e’r se trova.

Cette traduction a toutefois ses limites :

– Elle ne renseigne que sur les désinences du parfait des troisièmes personnes du singulier et du pluriel.

– En outre, la graphie utilisée – qui s’appuie sur celle en usage alors dans la langue piémontaise – est incertaine car c’est la première fois que le dialecte brigasque est retranscrit à l’écrit. On constate en particulier que le traducteur – à moins que ce ne fût le typographe – hésite entre le v et le u : « ..r’ciu giovo se n’andeu a giràa….e li r’se mangeu r’se ben, …una gran carestia veniv en quer pais e ée stes comencev à veni povo ; é’r sen andev e’r sé mettev ar servizi … é r lé mandev en t’un dre sei campagne …. ».

La confusion entre le v et le u se retrouve aussi dans le présent mevir (je meurs) où le v est de toute évidence utilisé à la place du u car ici, c’est bien meuir [mœjr] auquel on s’attend.

Aussi, cette confusion fait que l’on ne peut se faire malgré ce texte une idée précise de la forme du passé simple à la troisième personne du singulier.

– A côté des formes régulières, on rencontre dans ce texte au moins trois formes irrégulières avec les verbes dire (e’r ciu giovo d’illi dui disch a se pai …. Revenù pui en se stes’r disch :…), voir (se pai’r vit….) et être (e che’r fou vesein). Une fois de plus, la graphie peu maîtrisée ne permet pas de conclure.

o En effet, la forme disch, si l’on prend en considération les règles d’écriture du piémontais, devrait signifier le son [diʃk]. Or on trouve au début du texte le mot scipot (E de li à cheichi di, fait r’se scipot, r’figl r’ciu giovo se n’andeu a giràa per le mond) qui semble avoir disparu de nos jours en brigasque mais qui existe en provençal sous la forme esquipòt avec le même sens que celui du texte (balluchon, magot, bourse, bagage). Il est donc très probable que ce mot se disait en brigasque [ʃki.pɔt] et non pas [ʃi.pͻt] comme il est écrit dans le texte.

Par conséquent on peut en déduire avec une faible marge d’erreur que le traducteur a eu du mal à bien distinguer à l’écrit le [ʃ] du [ʃk] et que la forme disch voulait sans doute rendre le son [diʃ], ce qui serait alors caractéritique d’un prétérit fort comme par exemple en occitan ancien où le verbe dire au parfait a comme paradigme : dis, dissist, dis, dissem, dissetz, díron.

o Le verbe voir, comme le verbe dire, ne possède pas dans le texte une forme régulière, et laisse aussi envisager un prétérit fort (un prétérit fort porte l’accent tonique sur le radical). L’analogie avec le verbe dire incite à s’intéresser une fois de plus à l’occitan ancien qui fait au parfait pour ce verbe : vi, vist, vi, vim, vitz, víron. Et donc une question se pose : le t du vit de la traduction se prononce t-il ou bien n’est-il là que par analogie graphique avec le français il vit ?

o La forme fou du verbe être est elle aussi ambigüe. Ce u final est-il le même que celui des formes régulières (andeu/andev – mandeu/demandev) du texte et donc pourrait-il être un v et la forme fou ne serait-elle pas [fuv] ? Car le o piémontais se dit [u] et la graphie qui domine dans le texte est bien celle du piémontais. Mais la graphie étant peu sûre, l’influence du français que l’on a suspectée avec le verbe voir (se pai’r vit…) ne peut-elle pas aussi laisser penser que ce fou est un [fu] ?

L’occitan ancien donne le paradigme suivant : fui, fust, fo [fu], fom, fotz, fóron.

Au final, ce texte pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Il permet néanmoins d’affirmer que le parfait existait bel et bien au début du XIXe siècle à la Brigue, et que son emploi obéissait aux mêmes règles que celles qui président à son emploi en français de nos jours : un temps privilégié du récit, le seul apte à construire une chronologie évènementielle, le seul capable de détacher les évènements sur un arrière plan d’imparfait.

b. Die Mundart von Ormea (le dialecte d’Ormea), ouvrage publié en 1903 par le linguiste allemand Bernhard Schädel, permet de répondre à un certain nombre de questions.

Ce livre a fait l’objet d’une traduction en italien et d’une réédition en 2000 (Gribaudo, Cavallermaggiore). Bernhard Schädel a procédé à des enquêtes linguistiques à Ormea et dans ses environs entre 1898 et 1901. Il alla en particulier à Tende et il rapporte ceci :

« Nei dialetti moderni ho rilevato forme di passato remoto solo sulla bocca di un singolo individuo di Tenda : si tratta dell’acculturato signor Onorato, cassiere in quella località, che tuttavia evita solitamente di usare queste forme verbali, dal momento che non sono più capite. Lo stesso mi ha però assicurato di averle comunemente sentite in bocca a suo padre e di altra gente a lui coetanea, fino al 1830. Secondo quanto afferma l’insegnante De
Giovanni di Tenda ci sono, ancora oggi, alcuni contadini del circondario che continuano ad usarle, in particolare a Briga : purtroppo però non ho avuto occasione d’interrogarlo al riguardo.

Le forme terminavano a Tenda per la I, II, III coniugazione in : -eve, -esti, -eve, -estimu (oppure -estemu), -este, -everu.

ve è entrato in uso analogamente al füve di Tenda. »

Ces éléments sont fondamentaux à plus d’un titre :

– Ils confirment – s’il en était besoin – que les formes verbales de la parabole de l’enfant prodigue correspondent bien au temps du parfait.

– Ils lèvent l’ambiguité u/v de la parabole en confirmant la présence du v. Ce modèle tendasque, confronté au texte de la parabole, est bien conforme au principe de la chute de la voyelle finale en brigasque : mangeve [TD] > mangev [BR].

– Ils renseignent sur une assez bonne régularité des désinences entre les conjugaisons (Le forme terminavano a Tenda per la I, II, III coniugazione in …) et contrairement à la traduction de la parabole, donnent les désinences à toutes les personnes.

– Ils donnent des renseignements chronologiques : le parfait était encore communément usité à Tende en 1830 et certains paysans (contadini) brigasques l’utilisaient encore en 1900. Le terme contadini est important car il apprend que l’usage du parfait n’était pas le fait d’une élite sociale.

– il y est fait allusion à un füve tendasque dont on peut penser qu’il concerne le verbe être.

Mais des interrogations demeurent :

– La place de l’accent tonique n’est pas renseignée par la graphie utilisée pour les première et troisième personnes du pluriel.

o On a toutefois instinctivement envie de faire de ces deux personnes des
proparoxytons et de noter ainsi le paradigme du parfait tendasque d’un verbe de la première conjugaison :

mangeve [mã.’ʤe.ve]
ti mangesti [mã.’ʤes.ti]
ař mangeve [mã.’ʤe.ve]
mangéstimu [mã.’ʤes.ti.mu]
mangeste [mã.’ʤe.ste]
li mangéveřu [mã.’ʤe.ve.ɹu].

o La troisième personne du pluriel ne correspond pas à celle de la parabole : « e li commencero a stàa allegri ». Cela pourrait s’expliquer par la chute de la syllabe post-tonique : mangéveru [TD] > mangévru > mangéru [BR].

– La désinence de la troisième du pluriel en [u] n’est pas commune en tendasque, où elle est toujours en [ã] ou en [ɛ̃] à tous les autres temps et modes (1ere conjugaison :

ind.prés. : li màngian [li ‘mã.ʤã] ; ind. impar. : li mangiàvan [li mã.’ʤã.vã] ; ind. futur. : li mangeran [li mã.ʤe.ɹã] ; cond. prés. : li mangerìan [[li mã.ʤe.’ɹi.jã] ; subj. prés. : che li màngen [ke li ‘mã.’ʤɛ̃ ] ; subj. imparf. : che li mangèssan [ke li ‘mã.’ʤe.sã] ; 2ième et 3ième conjugaisons : ind.prés. : li capìscen [li ka.’pi.ʃɛ̃], li crèden [li ‘kre.dɛ̃] ; ind. impar. : li capiscìan [li ka.pi.’ʃi.jã], li credìan [li kre.’di.jã] ; ind. futur. : li capisceran [li ka.pi.ʃe.ɹã], li crederan [li kre.de.ɹã] ; cond. prés. : li capiscerìan [li ka.pi.ʃe.ɹi.jã], li crederìan [li kre.de.’ɹi.jã] ; subj. prés. : che li capiscian [ke li ka.’pi.ʃã], che li crèdan [ke li ‘kre.dã] ; subj. imparf. : che li capiscèssan [ke li ka.pi.’ʃe.sã], che li credèssan [ke li kre.’de.sã]).

o Il pourrait s’agir d’une erreur de témoignage ou d’un biais de recueil de
l’information d’autant que l’informateur de Schädel était âgé de 80 ans au
moment de l’enquête (1900) et qu’il relatait des faits qui remontaient à plus de 70 ans.

o Mais cette désinence en [u] et possible et il existe des dialectes occitans où la désinence en [u] de la troisième personne du pluriel n’apparait qu’au prétérit.

– les formes irrégulières et en particulier celles évoquées avec la parabole ne sont pas ici abordées.

c. Dans son Dizionario della cultura brigasca (volume 2, grammatica), Pierleone Massajoli consacre quelques lignes à des vestiges de passé simple qu’il a individualisés (relitti di passato remoto).

Il écrit en particulier ceci : « le nostre ricerche hanno evidenziato che la maggioranza degli informatori anziani ne era conoscenta, senza però usarlo abitualmente. Si tratta quindi di relitti esistenti nella memoria degli informatori. Di essi citiamo principalmente Carlin da Pipa di Verdeggia, Margarì de Briche di Upega e Dario Liprandi di Briga. Riportiamo pertanto i relitti principali da noi trovati :

– verbo essere : füvì, füstu, fü ( ?), füvìma/füvìm, füvìst, füvu ;
– vb. avere : uvìm o üvìm (avemmo) ;
– vb. regolari della I coniugazione : carèstima/carèstim (da caràa, scendere), muntèstima (da muntàa, salire).
– vb. irregolari : vëgnìstema (venimmo), ëndàstema (andammo). »

Mais Massajoli en revanche – et sans aucun doute fait-il erreur – ne voit pas dans les formes verbales de la parabole (mangev, basciev, …) la trace d’un quelconque parfait, mais une variante de l’imparfait de l’indicatif : « vi figurano delle 3e persone singolari del tipo mangev, bascev
riconducibili all’imperfetto indicativo, che nella forma moderna diventa mangiava e bažava.

Si può peraltro escludere che tali forme siano riferibili al passato remoto arcaico piemontese. »

Le travail de Massajoli apporte de précieux éléments :

– L’existence de ces traces du parfait brigasque dans la mémoire de certains de ses informateurs – nés vers 1900 – vient coroborer ce que Schädel rapportait en 1903 : le parfait brigasque existait encore vers 1900 et il était probablement employé comme peut l’être aujourd’hui le passé simple en français : les locuteurs naturels devaient le connaître approximativement – car essentiellement employé aux troisièmes personnes – et son usage devait être réservé à la relation de récits ou de contes ainsi peut-être qu’à certaines expressions idiomatiques (« ce fut bref ! »). La génération suivante – les informateurs de Massajoli – n’en a conservé qu’une mémoire très vague, plus ou moins consciente.

– La forme carèstima vient confirmer la place de l’accent tonique à la première personne du pluriel (PL1) ; la désinence a du PL1 en brigasque est classique à la place du u [u] tendasque.

– Le paradigme qui est donné du verbe être est un élément nouveau que l’on ne trouve ni dans la parabole, ni chez Schädel qui n’évoque qu’un imprécis füve. Il convient toutefois d’être prudent et de chercher à étayer ce témoignage par d’autres éléments. On apprend entre autre que la désinence de la deuxième personne du singulier (SG2) reste le u [u] en brigasque – de même qu’au présent et à l’imparfait des modes indicatif et subjonctif – en lieu et place du i [i]tendasque rapporté par Schädel.

– Massajoli donne une piste pour le verbe avoir (uvim/üvìm).

– Enfin, Massajoli confirme ici ce que déjà Schädel avançait sur la possibilité pour certains verbes d’une désinence au PL1 en stema (vëgnìstema) au lieu de stima (carèstima).

B. Les éléments indirects qui peuvent aider à la reconstruction du parfait brigasque.

a. les autres dialectes environnants

Le parfait du niçois moderne ainsi que celui de l’occitan standard sont abordés pour amorcer le travail de reconstruction des parfaits brigasque et tendasque. Toutefois, on constate que l’un comme l’autre sont caractérisés par une régularité surprenante, faibles à toutes les personnes, ce qui peut laisser penser qu’ils firent eux aussi l’objet d’une démarche de reconstruction uniformisatrice qui aurait gommé les inévitables cas particuliers.

Un point intéressant mérite d’être signalé : les PL3 du brigasque de la parabole (commencero) et du niçois ou de l’occitan standard (comencèron) sont identiques. On peut ainsi se demander si le parfait brigasque n’a pas été influencé sur la fin de son existence par le niçois, ce qui
aurait facilité l’évolution entre la désinence –éveru du tendasque et celle en –eru du brigasque.

b. l’occitan ancien

Le parfait brigasque ou tendasque semble bien plus proche de celui de l’occitan ancien que de celui de l’occitan standard actuel. Ainsi les paradigmes de l’ancien occitan seront très utiles pour aborder le travail de reconstruction.

c. l’ancien français

L’ancien (IX°-XIII°) ainsi que le moyen français (XIV°-XVI°) doivent être pris en considération dans la discussion. Comme pour l’occitan ancien, les formes fortes y sont très fréquentes alors que la plupart ont été substituées en français moderne par des formes faibles.

d. le français et l’italien

Ces deux langues sont forcément utiles à consulter et nous mettrons systématiquement leurs paradigmes dans nos tableaux de comparaison.

e. notion de prétérit faible et de prétérit fort

Tous les prétérits de l’occitan moderne standard ou du niçois sont des prétérits dits faibles :
ils portent l’accent tonique sur la désinence à toutes les personnes. Par exemple en niçois, le verbe manjar se conjugue de la manière suivante (la désinence apparait en gras, et le siège de l’accent tonique est en caractère gras) :
Manri, manres, mangèt, mangeriam, mangeriatz, manron
En occitan ancien, il existe de nombreux prétérits forts : ils portent eux l’accent tonique sur le radical du verbe généralement aux SG11, SG3 et PL3 et sur la désinence aux autres personnes.

On ne les rencontre qu’avec les verbes de la troisième conjugaison (en –ER et –RE) et avec les verbes auxiliaires.
Par exemple le verbe dire fait en occitan ancien :
dis, dissist, dis, dissem, dissetz, diron

C. Tentatives de reconstruction

a. les verbes de la première conjugaison

Le tableau ci-dessous donne les paradigmes au passé simple des verbes de la première conjugaison de l’ancien français et du français actuel, de l’ancien occitan et de l’occitan standard, de l’italien et du niçois.

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A suivre : Nous verrons la prochaine fois comment grâce aux éléments fournis par Bernhard Schädel et à ceux de la parabole de l’enfant prodigue,
le travail de reconstruction du prétérit brigasque pour ces verbes semble assez aisé.

Didier Lanteri

Per legir la segonda partida a comptar dau diluns 16 de junh dau 2014 : http://ieo06.free.fr/spip.php?article2715

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