Des instruments de musique en « cogordon »
Pendant la période du carnaval, des cogordons étaient encore à l’honneur, avec des orchestres comme « Lou tavan de l’Abadia » (le hanneton de l’Abadie), la Vespa (la guêpe) d’Antibes, dont les instruments fabriqués avec des cogordons émettent des sons évoquant le monde des ténèbres. Le peintre niçois Gustave-Adolphe MOSSA a su croquer avec finesse l’un de ces groupes dans une sépia « La Vespa » exposée au Musée Masséna à Nice.
Yves ROUSGUISTO, luthier, a su renouveler le genre par la création instrumentale et musicale. Il a déjà réalisé pour le musée des Arts et Traditions Populaires en 1986 une collection originale de 25 instruments (roseaux de Biot et cogordons de Vence) : diaule-sabiren, diaule-galobet, bourdon, bouquet de canne, zuccarina, maracanne…
Le « cogordon » dans l’architecture
Les niçois vouent une telle dévotion aux cogordons qu’on le retrouve parfois sur une fresque d’habitation. C’est le cas d’une villa de la Belle Epoque située avenue des Arènes entièrement décorée de tiges, feuilles, fleurs et fruits de ce prestigieux légume. Une autre curiosité, un bas-relief de la rue de la poissonnerie à Nice, datant de 1584, montre Adam et Eve se battant à coups de massues ayant forme de cogordons ; la scène aurait un rapport avec le festin dei reproches où les niçois réglaient en une fois et pour toute l’année leurs différents conjugaux.
Le cogordon dans l’idiome niçois
Les mots « cogorda » et son diminutif « cogordon » se retrouvent dans de nombreux idiotismes, expressions, comptines ou même jeux du Pays-Niçois.
– Au sens figuré, le mot « cogorda » signifie écervelé, tête vide ; sens qui n’a pas échappé au poète Alan PELHON dans sa fameuse « garolha » (la dispute)
« Una familha de cogorda provava despuei très ans d’emparar a lièger emé un magistre balicòt que s’arrancava lu berris davant tant de bestisa »
-(Une famille de courges tentait depuis trois ans d’apprendre à lire avec l’aide d’un instituteur basilic qui s’arrachait les cheveux devant autant de bêtise.)
« A la calada li cogordas regòlan »
– (A la descente les courges dégringolent)
Se dit de façon ironique à une personne qui au cours d’une promenade facile, trébuche dans la descente.
« Aver lo nas coma un cogordon »
– (Avoir le nez comme un cougourdon)
Signifie avoir le nez enflé, énorme.
« Faire un cogordon »
– (Faire un cougourdon)
Au jeu de la pétanque, signifie mener sa boule au cochonnet.
« Es insipide coma una cogorda ò coma una sopa sensa sau »
– (C’est insipide comme une courge ou comme une soupe sans sel.)
Indique le peu de goût que comporte n met.
« Estaire au cogordier »
(Demeurer à la plante courge)
Signifie coiffer Sainte-Catherine.
A l’école, un refrain stigmatisait l’enfant voleur surnommé « Angelin Cogorda » :
Tèsta de mortier
Fa balar sa maire
Dintre d’un ratier.
(Ange la Courge, Tête de mortier, Il fait danser sa mère, Dans une souricière)
Au jeu d’escondre-mandiu (cache-mouchoir) variante du jeu du furet, les joueurs chantent :
Toque-ti lo morre,
Quatre, cinq,
Pinte-lo en roge,
Sièis, set, uèch,
Pique-ti en tèrra,
Nòu,detz, onze,
Cerca dapertot,
A trovat un co-gor-don.
(Un, deux,trois, Touche-toi le visage, Quatre, cinq, Peins-le en rouge, Six, sept, huit, Frappe-toi par terre, Neuf, dix, onze, Il cherche partout, Il a trouvé un cou-gour-don.
Et vous l’avez-vous trouvé au fil de ces lignes ?